Matthieu est le seul à présenter ce sujet : Il le place chronologiquement juste avant les grands moments de la passion du Christ.
31 Or, quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire ;
32 et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ;
33 et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde ;
35 car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ;
36 j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi.
37 Alors les justes lui répondront disant : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, et que nous t’avons nourri, ou avoir soif, et que nous t’avons donné à boire ?
38 et quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons vêtu ?
39 et quand est-ce que nous t’avons vu malade, ou en prison, et que nous sommes venus vers toi ?
40 Et le Roi répondant, leur dira : En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me l’avez fait à moi-même.
41 Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges !
42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
43 j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.
44 Alors eux aussi répondront disant : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, ou avoir soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t’avons pas servi ?
45 Alors il leur répondra disant : En vérité je vous le dis, toutes les fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, vous ne l’avez pas non plus fait à moi.
46 Et ceux-ci s’en iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle.
L'immense croix au-dessus du Christ, portée par deux anges qui tiennent en même temps l'un le clou, l'autre le fer de lance, vient amplifier l'évocation de la Passion.
Le Christ juge : Le Christ, bras droit levé accueille les élus et bras gauche baissé désigne l’enfer aux réprouvés.
Le Christ est entouré de tous ses anges : À sa gauche, l'un balance un encensoir, l'autre présente le Livre de Vie, grand ouvert. Deux anges-chevaliers, armés de l'épée et de la lance, ont reçu pour mission de contenir la foule grouillante des démons et des damnés aux frontières de l'enfer. Le peuple des élus est en marche vers la droite du Christ, sous la conduite de la Vierge, elle-même suivie de saint Pierre tenant la clef du paradis.
Le Paradis : le « maître du tympan » a inséré dans cette procession les figures marquantes de l'histoire du monastère de Conques : l'ermite Dadon, le fondateur de l'abbaye puis un abbé, la crosse à la main entraînant de l'autre l'empereur Charlemagne, bienfaiteur légendaire du monastère.
Au dessus, Sainte Foy est prosternée devant la main de Dieu, intercédant en faveur des défunts.
Les supplices de l'enfer : Dans cet enfer, tout a été mis en œuvre pour inspirer la crainte. L'apostrophe gravée à la base du linteau : « O PECCATORES TRANSMUTETIS NISI MORES JUDICIUM DURUM VOBIS SCITOTE FUTURUM » (Pécheurs, si vous ne réformez pas vos lois, sachez que vous subirez un jugement terrible). À la paix céleste s'oppose violemment le chaos et la confusion de l'enfer. Satan, le pendant d'Abraham, au centre du linteau de droite, préside aux supplices de l'enfer.
Au-dessus des flammes, un homme (un braconnier ?) est rôti à la broche par deux démons, dont l'un à tête de lièvre. Dans l'enfer, ce chasseur est devenu la proie de son gibier ?
Un diable bossu vient de s'emparer de la harpe d'un damné auquel il arrache la langue avec un crochet. Ce malheureux musicien et chanteur, représente probablement l'histrion, l'amuseur public, symbole de la vanité des plaisirs de ce monde.
Un démon arrache la langue d'un petit personnage assis qui personnifie la Calomnie ou la Médisance.
Le Polyptyque du jugement dernier du peintre flamand Rogier van der Weyden faisait partie intégrante de la salle des « pôvres ». Il était fermé en yemaine et ouvert pour les dimanches et les fêtes solennelles.
Probablement réalisé entre 1446 et 1452, ce retable a d'abord été attribué à Jan van Eyck avant d'être attribué à Rogier van der Weyden en 1843. Il est aujourd'hui exposé dans une même salle spéciale climatisée.
À la fin du XVe siècle, Louis Ier d’Amboise, évêque d’Albi (1460-1501), commandite l’immense peinture du Jugement dernier pour le revers de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Cécile. En 1693, à l’occasion de réaménagements liturgiques, ce mur est percé d’une ouverture dans la partie centrale de la composition, entraînant la disparition de plus d’un quart de la peinture murale.
En livrant cette représentation terrifiante de l’enfer, le peintre d’Albi révèle les multiples peurs liées à la mort qui dominent à la fin du Moyen Âge, où guerres, famines et épidémies continuent leurs ravages.
La composition marque avec force la rupture entre le Christ et les réprouvés, séparés par un ciel verdâtre et lugubre. Les uns et les autres portent au cou le livre de leurs actions bonnes et mauvaises ; ce trait signale que chacun sera jugé selon le bilan de ses œuvres terrestres et que la Grâce ne suffit pas, seule, à assurer le Salut.
Registre supérieur : À l’appel des anges, les morts sortent de terre et comparaissent, nus, devant le Christ-Juge dont la figure a aujourd’hui disparu.
À gauche, les élus en rangées successives : en haut, assis, en robe blanche et auréolés d’or, les apôtres, au-dessous les saints dont l’identité différente est indiquée avec une grande variété, placés suivant un ordre hiérarchique : en tête un pape, un cardinal, un évêque puis l’empereur, un roi une reine, un franciscain, un dominicain… enfin la foule des élus.
À droite, les réprouvés entendent les paroles de condamnation prononcées sur eux par le Christ : « Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. » Mt 25, 41
À gauche, les morts surgissent de leur tombeau. Les ressuscités comparaissent devant le Juge suprême. Tous sont nus. Mais ils ont retrouvé leur apparence charnelle, ou, plutôt, un corps embelli et uniformisé.
Chacun porte sur sa poitrine son livre de vie sur lequel sont inscrites bonnes et mauvaises actions.
L’examen a été favorable à tous ceux qui sont à droite du trône : le visage en paix, ils forment un cortège aux rangs serrés et avancent paisiblement.
À droite se trouvent les damnés : les livres qu'ils portent sont leur condamnation.
Ces paroles sont inscrites sur une banderole au-dessus du groupe des condamnés. Ceux-ci s’effondrent, pêle-mêle, les uns sur les autres. Ils retombent sur le sol d’où ils viennent de sortir. Ils reculent épouvantés.
Au registre du bas, l’enfer s’organise en sept compartiments, autant que de péchés capitaux. Un texte en français détaille les tortures subies. Les orgueilleux attachés à des roues, les envieux sont plongés dans un fleuve glacé, puis plongés dans un lac de feu. Les coléreux sont découpés en morceaux dans une cave obscure qui ressemble à une boucherie, les avares sont plongés dans des cuves où l’eau est remplacée par du métal en fusion, un démon les tourmente avec une broche de métal, Les gloutons sont invités à un éternel banquet, au cours duquel ils sont sans répit gavés de crapauds et abreuvés d’une eau puante. Les luxurieux sont dans un puits voués aux flammes.
Au Moyen Âge, l'image type de la « pesée des âmes », juge et guide du salut des âmes pour l'Enfer ou le Paradis, est représentée l'archange Michel, chef de la milice des anges, procédant au jugement des défunts
par le biais d'une balance avec laquelle il pèse leurs bonnes et mauvaises actions.
Dans cette scène, le diable tente de faire pencher le plateau du mal afin d'emporter l'âme en Enfer. Dans l'art gothique, les doigts de saint Michel viennent se poser sur le fléau de la balance, intervenant ainsi directement sur le jugement divin.