Situé à la confluence des seigneuries de Château-Landon, de Lorrez-le-Bocage et de lʼabbaye monacale de Ferrières (datant du VIe siècle), Egreville devint un lieu de passage, dʼéchanges et bénéficia dʼune relative protection. Les premiers seigneurs dʼEgreville seront dʼailleurs issus, au XIe siècle, des comtes de Gâtinais, installés à Château-Landon, tenaces adversaires des capétiens.
Devenu carrefour commercial, de surcroît bien fortifiée, Egreville connut un commerce florissant. Ses marchés et foires jouissaient dʼune grande renommée. Ainsi le patrimoine actuel, avec sa grande halle, son chateau et son église, témoigne de ce passé.
Dom Morin, grand prieur de l'abbaye de Ferrières en Gâtinais et historien, fait de Jean II dʼEgreville le fondateur de la première église Saint-Martin quʼil fait construire à partir de la chapelle de Fief en même
temps quʼil rebâtit la ville ravagée par un terrible incendie en 1282.
Cette première église ne reliait pas la Chapelle de Fief à la grosse tour carrée, qui abrite aujourdʼhui le porche, et qui conserve son caractère du XIIIe siècle. Cette grosse tour devait alors servir de beffroi.
Cet édifice supporte une imposante cloche " Marie-Martine " dʼenviron 800 kg.
L'église traversa la guerre de cent ans sans trop de dommage. Puis, vers 1431, le chevalier Philippe d'Aigreville, allié des anglais qui occupaient le gatinais, fait allégeance au roi de France, Charles VII, provoquant l'ire des anglais qui se vengeront sur le village et notamment sur son église.
C'est à partir de 1456 que Jean d'Aigreville ordonne la recontruction de l'église qui cette fois adopte le style gothique. Lʼéglise fut consacrée le 12 février 1483 sous le règne de Louis XI et le pontificat de Sixte IV. Au XVIIe siècle, le maréchal Louis de la Châtre, sire d'Egreville, fera agrandir l'église par l'adjonction de bas cotés.
La construction de la flèche fut longtemps attribuée à Anne de Pisseleu, duchesse dʼEtampes (XVIe). En réalité, elle date de 1687, ce que révélèrent les travaux importants de consolidation effectués en 1999. Cette flèche s'élève à 35 m au dessus du transept et à 50 m par rapport au sol.
Pendant la révolution, diverses profanations touchèrent lʼéglise et la crypte. Quelques pierres tombales furent sauvées et exposées dans lʼéglise. Lʼune dʼelles en marbre noir, celle dʼAymond dʼEgreville et de son épouse, supporte un petit autel au fond de lʼéglise. Lʼéglise fut ensuite restaurée en 1821 et en 1880.
Source : une très intéressante documentation est à la disposition des visiteurs à l'entrée de l'église.
Deux bas-reliefs datés du XVe siècle et situés de part et d'autre du porche représentent un écu portant les armoiries de la famille d'Aigreville. Les deux initiales I et R sont entourées d'un lacet d'amour, ce qui indique que les deux personnes étaient mariées et s'aimaient. Il peut s'agir de Jean V d'Aigreville et de sa première épouse.
Tous les vitraux furent remplacés à la fin du XIXe siècle, lors de la seconde restauration de l'église. ils ont été réalisés par l'atelier Latteux et Bazin du Mesnil-St-Firmin dans l'Oise.
Dans ce vitrail, quatre mages sont représentés : le quatrième n'est autre que le généreux donateur, Monsieur LOYER, juge de paix du canton de Lorrez-le-Bocage, qui s'est fait représenter de profil au premier plan.
ci git le corps de Firmin Carbon lequel décéda le 8 janvier 1602.
ci git Gabrielle Gratien fille de Me Pierre Gratien advocat en parlement et dame Etiennette Cranson ses père et mère qui est décédée le XXIII février 1622 12e jour de son âge Priez Dieu pour elle.
Il est connu qu'au IVe siècle de notre ère, une chapelle dédiée à Saint Mammès existait déjà à Egreville. Au XIe siècle, les reliques de Saint Mammès qui voyageaient de Constantinople
à destination de la cathédrale de Langres firent halte dans cette chapelle. C'est vraisemblablement à ce moment que la chapelle prit le vocable de chapelle de Saint Mammès. Restaurée au XVIIe siècle,
la chapelle fut détruite à la révolution.
Les paroissiens installèrent alors une croix sur l'emplacement. Aujourd'hui, cette croix se trouve dans l'église Saint Martin près d'une statue provenant de cette chapelle.