L'église Sainte Odile fut construite grâce à l'Œuvre des Chantiers du Cardinal du Cardinal Verdier. Les fonds en permettant le financement ont été fournis par les paroissiens et notamment par Mgr Edmond Loutil, alors curé de la paroisse Saint- François-de-Sales, et connu comme journaliste, chroniqueur au journal « La Croix » et romancier sous le pseudonyme de Pierre l'Ermite.
La construction démarra le 24 mars 1935 et se termina en 1946, mais c'est seulement le 19 avril 1953 que la nouvelle paroisse voit officiellement le jour. Mgr Edmond Loutil dédia l'église à sainte Odile, sainte patronne de l'Alsace d'où sa mère était originaire. Le souhait est d'offrir à la capitale un monument votif à l'Alsace, en reconnaissance à la fidélité de l'Alsace en exil de 1871 à 1918.
La réalisation des plans de l'édifice est confiée à l'architecte Jacques Barge, alors âgé de 31 ans, qui choisit de s'inspirer des édifices byzantins.
La structure est réalisée en béton armé. Le soubassement est revêtu de briques en grès rosé de Saverne, la pierre de la cathédrale de Strasbourg.
L'édifice est couvert de trois coupoles surbaissées. Il est dominé par un élégant clocher de 72 mètres de haut, le plus haut des clochers de Paris. Le clocher abrite un carillon de 26 cloches dont trois de volée. C'est le seul carillon à poing manuel de Paris. Il est régulièrement joué à l'occasion des fêtes religieuses.
La décoration de l'église est confiée à de jeunes artistes, souvent membres des " catholiques des beaux-arts ".
Anne-Marie Roux-Colas (1898-1993), sculptrice, amie de l'architecte Jacques Barge. Elle a notamment participé au décor de la chapelle du pavillon des Missions catholiques pour l'exposition coloniale de 1931, aujourd'hui Notre-Dame des missions d'Epinay-sur-Seine (93). À Sainte Odile, Anne-Marie Roux-Colas réalise le portail, les chapiteaux de la nef, les statues de Sainte Thérèse, de la Vierge à l'enfant, de Sainte Rita et de Sainte Odile
François Décorchemont, maître-verrier, expérimente à Saint Odile une technique de vitrail dont il est l'auteur.
Le maitre autel est l'oeuvre d'Auguste Labouret.
Raymond Subes :
Dans la nef, les chapiteaux de la galerie qui court sous les verrières sont ornés de motifs répétitifs illustrant le peuple en procession suivant Sainte Odile, parmi lesquels les aveugles occupent une place de choix.
Les vitraux des trois grandes verrières, ainsi que des petites baies du chœur, sont l’œuvre du maître-verrier François Décorchemont. Originaire de l’Eure, François Décorchemont signe là sa seule création parisienne. Réalisés entre 1935 et 1937, les vitraux furent démontés et mis à l’abri en 1939.
D’une superficie totale de 300 m2, ils ont la charge de dispenser la lumière par le seul côté éclairé de la nef, exposé au nord.
Leur luminosité est liée à la nature même de la technique, mise au point par l’artiste et appliquée par lui seul : une pâte de verre moulée et assemblée au ciment, alors que le vitrail traditionnel est composé de plaques de verre colorées, peintes et assemblées au plomb. Au lieu d’être juxtaposés, les différents coloris sont mêlés en une riche palette, les détails du motif sont dessinés par un trait de ciment inclus en creux dans le vitrail.
Chaque ensemble est constitué d'une lancette principale encadrée de six lancettes plus petites. Les thèmes choisis sont les vies de Sainte Odile et des saints de France, autour des archanges Saint Michel et Saint Raphaël. Les personnages centraux sont présentés de face. L'écriture, en majuscules, est ominiprésente et apporte les explications nécessaires à la compréhension des scènes présentées.
Au centre, la verrière de Sainte Odile et de sa vie, et détails pittoresques de la vie contemporaine (ainsi Mgr Loutil offrant l’église …).
Sous la protection de part et d’autre de l’archange Saint Raphaël et le l’archange Saint Michel, les deux autres verrières racontent l’évangélisation à l’époque mérovingienne (Saint Germain et saint Potin, Saint Martin de Tours, Saint Rémi, évêque de Reims, Saint Denys évêque de Paris, Sainte Geneviève patronne de Paris).
[1] le pélerinage alsacien
[2] apparition de Saint Jean-Baptiste / le baiser au lépreux / les trois tilleuls / Sainte Eugénie (nièce de Sainte Odile)
[3] remords du père qui l'accueille / elle refuse un mariage et s'enfuit / touché par la grâce, son père lui donne un monastère / le miracle des bœufs
[4] Sainte Odile, priez pour nous
[5] elle nait aveugle / à son baptême, elle recouvre la vue / son frère la fait venir au château / fureur du père, il tue son fils
[6] Elle délivre son père / le miracle de la source / la mort de Sainte Odile / Attale, troisième abbesse du couvent
[7] Sainte Richarde / Saint Léon IX / Richard cœur de Lion, Christian de Danemark
Odile de Hohenbourg, naquit en 660 à Ehenheim (l’actuelle Obernai), dans le château de son père Etichon-Adalric (635 – 690), duc d’Alsace. Sa mère, Bereswinde (635 – 690 ou 700), une femme pieuse et charitable, est la nièce de Saint Léger, évêque d’Autun. À la naissance d'Odile, son père qui attendait un héritier mâle, se montre d’abord déçu puis intraitable quand il découvre que l’enfant est aveugle et décide qu’elle doit mourir.
Mais sa mère la confie secrètement à une nourrice, puis craignant des indiscrétions l’envoie au couvent de Palma (actuelle abbaye de Baume-les-Dames) dont l’abbesse était l’une de ses tantes.
La petite fille est protégée, élevée religieusement mais sans baptême. Alors qu'elle a atteint l'âge de quinze ans, l'évêque Erhard du Comté de Longford en Irlande, a une vision dans laquelle Dieu lui ordonne de se rendre à Baume-les-Dames afin de procéder au baptême d’une jeune fille aveugle de naissance. Saint Erhard, accompagné de Saint Hydulphe, fondateur de l’abbaye de Moyenmoutier se rendit donc à Palma. Au moment où il touche les yeux de la jeune fille avec l'huile sainte, elle recouvre la vue. C'est alors qu'elle reçoit le nom d'Odile qui signifie selon la légende « lumière de Dieu » ou « prospérité » selon l'éthymologie germanique.
Cependant Huges ou Hugon, un des fils d’Adalric né après la naissance d'Odile, informé de l’existence de cette sœur, décida de la faire revenir, mais sans en informer son père.
Loin de se réjouir de revoir sa fille et très mécontent de la manœuvre de son fils, Aldaric furieux s’emporte au point de tuer son fils Huges d’un violent coup de sceptre sur la tête.
Très vite, Aldaric, pris de profonds remords, se repent en acceptant que sa fille reste vivre dans une dépendance du château de Hohenbourg où elle put consacrer son temps aux prières et aux œuvres de charité envers les pauvres et les malades.
Adalric désirait pour sa fille un mariage prestigieux, utile à sa famille, et la destina à un prince germanique. A cette annonce, Odile ne voulant se consacrer qu’à Dieu, s’enfuit en Forêt Noire où un rocher s’entrouvrit pour lui permettre d’échapper aux cavaliers que son père avait lancés à sa recherche. Elle vécut alors d'aumônes et de la charité.
Petit à petit, Aldaric qui regrettait son attitude passée accepte de l’aider à poursuivre sa destinée religieuse. et lui céde son château de Hohenbourg qu'elle transforme en couvent féminin et dont elle devint la première abbesse. Le succès est au rendez-vous et des jeunes femmes affluent, dont sa jeune sœur et les trois filles de l’un de ses frères. Elles se consacrent à la prières et aux soins apportés aux malades et aux pèlerins.
Le monastère étant devenu trop petit, Odile fait construire un second établissement dans la vallée appelé Niedermünster (le « monastère d'en bas »), évitant ainsi aux malades épuisés de fatigue de monter au sommet de la montagne.
Elle dote l’édifice de deux chapelles, l’une consacrée à Marie et l’autre à Jean le Baptiste. Saint Jean Baptise lui apparut pour lui indiquer où il voulait que soit construite la chapelle qu’elle lui destinait.
le miracle de la source : le bruit des ses miracles attirait de plus en plus de monde. Odile fit jaillir d’un rocher une eau miraculeuse pour étancher la soif d’un aveugle qui guérit de sa cécité.
le baiser au lépreux : Odile guérit un lépreux en le prenant dans ses bras.
le miracle des bœufs
elle délivre l'âme de son père : Adalric, après avoir remis le duché à son fils Adalbert, se retira avec son épouse dans le couvent créé par sa fille. A la mort de son père, Odile l’ayant vu dans une vision souffrir dans les flammes du Purgatoire obtint par ses larmes et ses prières son entrée au Paradis.
mort d'Odile : Le 13 décembre 720, se sentant mourir, Odile envoya ses sœurs en religion prier pour elle, et lorsqu’elles revinrent, celle-ci semblait morte. Leurs prières la ramenèrent à la vie, et elle put leur dire qu’elle était en compagnie de Sainte Lucie. Pendant les huit jours qui précédèrent son enterrement, toute la colline fut entourée du parfum délicieux de sa Sainteté.
Sainte Attule, fille d’Adalbert, duc d’Alsace, et de Gerlinde. Elle prit le voile à l’abbaye de Hohenbourg, dirigée par sa tante Odile, et, vers 718, devint la première abbesse du couvent que son père venait de fonder sur le site de Saint-Étienne à Strasbourg.
Sainte Richarde : Fille du comte d'Alsace, elle avait épousé Charles le Gros, roi des Francs de Rhénanie. Injustement accusée d'adultère pour avoir embrassé la croix pectorale de l'évêque de Verceil, elle se retira en Alsace, à l'abbaye d'Andlau qu'elle avait naguère fondée et mourut quelques années plus tard. Le pape Léon IX, un alsacien, vint vénérer ses restes et la plaça sur les autels.
Léon IX : Le Pape Léon IX (1002 – 1054) canonisa Odile en 1049
Richard cœur de lion, Christian de Danemark, .
Sainte Eugénie : seconde abbesse de Hohenbourg est la nièce de Sainte Odile, et la sœur de sainte Attale.
les trois tilleuls, .
au bas du vitrai, des scènes de la vie du quartier. À droite, Mgr Loutil offrant l’église à la paroisse, .
[1] Saint Remi : Saint Rémy apaise l'incendie de Reims / Baptême de Clovis et de ses guerriers / Vive le Christ qui aime la France
[2] Sainte Radegonde : Ste Radegonde et ses moniales / St Fortunat / Ste Ragegonde et ses pauvres / ? / Mariage de Radegonde et de Clotaire / Cherchons Dieu dans la simplicité de notre cœur
[3] Sant Denis : Martyre de St Denis et de ses compagnons / La messe de Saint Denis / St Denis et ses compagnons en Gaule / Que ta bouche dise toujours les louanges de Dieu
[4] Saint Raphaël : Tobie recouvre la vue / Tobit et le poisson / Je suis un des sept / Nous tenons devant le Seigneur
[5] Saint Pothin : Martyre de Saint Pothin / Saint Pothin et Sainte Blandine / Saint Pothin prêche à Lyon / N'ayez pas d'orgueil dans votre cœur
[6] Sainte Geneviève : Ste Geneviève enfant en prière / Ste Geneviève marquée du sceau de Dieu / Ste Geneviève ravitaille Paris / Veillez sur Paris
[7] Saint Eloi : Saint Eloi à Noyon / Le pied de cheval coupé / St Eloi et Dagobert / Admire les ouvrages d'or et de perles revêtus
Saint Remi
[1] Remi apaise l'incendie de Reims
[2] Baptême de Clovis et de ses guerriers
[3] Vive le Christ qui aime les Francs
Sainte Radegonde
[1] Ste Radegonde et ses moniales
[2] Ste Radegonde et ses pauvres
[3] Mariage de Radegonde et de Clotaire
[4] Cherchons Dieu dans la simplicité de notre cœur
Saint Denis
[1] Martyre de St Denis et de ses compagnons
[2] La messe de Saint Denis
[3] St Denis et ses compagnons en Gaule
[4] Que ta bouche dise toujours les louanges de Dieu
Saint Raphaël
[1] Tobie recouvre la vue
[2] Tobit et le poisson
[3] Je suis un des sept / Nous tenons devant le Seigneur
Saint Pothin
[1] Martyre de Saint Pothin
[2] Saint Pothin et Sainte Blandine
[3] Saint Pothin prêche à Lyon
[4] N'ayez pas d'orgueil dans votre cœur
Sainte Geneviève
[1] Ste Geneviève enfant en prière
[2] Ste Geneviève marquée du sceau de Dieu
[3] Ste Geneviève ravitaille Paris
[4] Veillez sur Paris
Saint Eloi
[1] Saint Eloi à Noyon
[2] Le pied de cheval coupé
[3] St Eloi et Dagobert
[4] Admire les ouvrages d'or et de perles revêtus
En Allemagne, en Belgique et dans le nord de la France court une légende sur l'évêque orfèvre : Afin de ferrer plus à l'aise un cheval rétif, Saint Éloi lui aurait coupé une patte de devant, l'aurait placée sur son enclume et, après avoir ferré le sabot, l'aurait rajustée.
[1] SaintGermain : St Germain et Ste Geneviève / St Germain batissant des monastères / Priez sans arrêt et criez vers votre Dieu
[2] Sainte Solange : Solange est décapitée par Bernard de Poitiers / Elle se consacre à Dieu / Enfance de Solange / Elle est toute méditation et prière toute tendue vers Dieu
[3] Saint Martin : Funérailles de St Martin / Miracle des oiseaux et poissons de Loire / St Martin rend la Vie à un enfant / Messe de St Martin / Je suis le soldat du Christ
[4] Saint Michel : Pesée des âmes / Jeanne, va délivrer le roi de France / St Michel protège la France
[5] Saint Martial : St Martial est envoyé par St Pierre en mission / St Martial prêche en Gaule / St Martial et Ste Valère martyres en Gaule / Gardez mon peuple conquis par votre grace
[6] Sainte Foy : Martyre de Sainte Foy / Elle détruit le palais de Datien / Ste Foy enfant enseigne la doctrine du Christ / Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l'âme
[7] Saint Léger : St Léger à Autun / St Léger est décapité dans le fort de / Périsse mon corps plutôt que déshonnorer mon âme par une forfaiture
SaintGermain
[1] St Germain et Ste Geneviève
[2] St Germain batissant des monastères
[3] Priez sans arrêt et criez vers votre Dieu
Sainte Solange
[1] Solange est décapitée par Bernard de Poitiers
[2] Elle se consacre à Dieu
[3] Enfance de Solange
[4] Elle est toute méditation et prière toute tendue vers Dieu
Saint Martin
[1] Funérailles de St Martin
[2] Miracle des oiseaux et poissons de Loire
[3] St Martin rend la Vie à un enfant
[4] Messe de St Martin
[5] Je suis le soldat du Christ
Saint Michel
[1] Pesée des âmes
[2] Jeanne, va délivrer le roi de France
[3] St Michel protège la France
Saint Martial
[1] St Martial est envoyé par St Pierre en mission
[2] St Martial prêche en Gaule
[3] St Martial et Ste Valère martyres en Gaule
[4] Gardez mon peuple conquis par votre grace
Sainte Foy
[1] Martyre de Sainte Foy
[2] Elle détruit le palais de Datien
[3] Ste Foy enfant enseigne la doctrine du Christ
[4] Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l'âme
Saint Léger
[1] St Léger à Autun
[2] St Léger est décapité dans le fort de
[3] Périsse mon corps plutôt que déshonnorer mon âme par une forfaiture
s
Les six fenêtres du choeur viendront dans un second temps et seront posées en 1938. Il s'agit de petits vitraux symboliques évoquant l'Eucharistie.. Sur un fond bleu rehaussé de rouge, textes et symboles sont entrelacés : grappes de raisin, épis de blé, pélican ..
Le pélican : C’est Saint Augustin qui sera parmi les premiers à oser le rapprochement entre le Christ et l’oiseau.
L’Eucharistie par laquelle Jésus nourrit les hommes de son corps et de son sang est au cœur du Nouveau Testament. Le grand théologien a vu dans le majestueux oiseau nourrissant de son jabot ses petits, une image propice à la comparaison et métaphore.
À l’image du pélican qui redonne vie à ses petits par son propre sang, le Christ donne sa vie et son sang pour la multitude. Ce parallèle explique la riche iconographie consacrée à cet oiseau qui se développera dans les Bestiaires, bois gravé, sculptures,… Le pélican devient un symbole eucharistique puissant, et il orne encore de nos jours, souvent même représenté avec ses petits, de nombreux tabernacles et autres parures liturgiques.
le maitre émailleur Robert Barriot offre à l'église son chef-d'oeuvre : un retable de sept panneaux en cuivre repoussé émaillé aux dimensions impressionnantes de 3,17 m de haut sur 0,70m de large, auxquels s'ajoutent au dessous des panneaux carrés de 0,80m de côté.
Le sujet représente l'apocalypse selon la seconde vision de Saint Jean. Autour de la lame centrale, le motif des 24 vieillards de l'apocalypse.
Pour réaliser cette oeuvre, un four est spécialement construit par l'ingénieur Druelle.
Le céramiste Auguste Labouret a développé un décor de paons et de feuillages exécuté avec des dalles de verre éclaté au marteau. La lumière est alors fragmentée en de multiples teintes allant de l’or au jaune en passant par le vert.
Il s’agit là d'un des chefs- d'œuvre de l’art sacré. Ce foisonnement ornemental contraste fortement avec l'extérieur de l'édifice.
La porte en fer forgé (œuvre de Raymond Subes) est ornée de cabochons avec les litanies de la Vierge.