À la fin du XVe siècle, Louis Ier d’Amboise, évêque d’Albi (1460-1501), commandite l’immense peinture du Jugement dernier pour le revers de la façade occidentale de la cathédrale Saint-Cécile. En 1693, à l’occasion de réaménagements liturgiques, ce mur est percé d’une ouverture dans la partie centrale de la composition, entraînant la disparition de plus d’un quart de la peinture murale.
En livrant cette représentation terrifiante de l’enfer, le peintre d’Albi révèle les multiples peurs liées à la mort qui dominent à la fin du Moyen Âge, où guerres, famines et épidémies continuent leurs ravages.
La composition marque avec force la rupture entre le Christ et les réprouvés, séparés par un ciel verdâtre et lugubre. Les uns et les autres portent au cou le livre de leurs actions bonnes et mauvaises ; ce trait signale que chacun sera jugé selon le bilan de ses œuvres terrestres et que la Grâce ne suffit pas, seule, à assurer le Salut.
Registre supérieur : À l’appel des anges, les morts sortent de terre et comparaissent, nus, devant le Christ-Juge dont la figure a aujourd’hui disparu.
À gauche, les élus en rangées successives : en haut, assis, en robe blanche et auréolés d’or, les apôtres, au-dessous les saints dont l’identité différente est indiquée avec une grande variété, placés suivant un ordre hiérarchique : en tête un pape, un cardinal, un évêque puis l’empereur, un roi une reine, un franciscain, un dominicain… enfin la foule des élus.
À droite, les réprouvés entendent les paroles de condamnation prononcées sur eux par le Christ : « Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. » Mt 25, 41
À gauche, les morts surgissent de leur tombeau. Les ressuscités comparaissent devant le Juge suprême. Tous sont nus. Mais ils ont retrouvé leur apparence charnelle, ou, plutôt, un corps embelli et uniformisé.
Chacun porte sur sa poitrine son livre de vie sur lequel sont inscrites bonnes et mauvaises actions.
L’examen a été favorable à tous ceux qui sont à droite du trône : le visage en paix, ils forment un cortège aux rangs serrés et avancent paisiblement.
À droite se trouvent les damnés : les livres qu'ils portent sont leur condamnation.
Ces paroles sont inscrites sur une banderole au-dessus du groupe des condamnés. Ceux-ci s’effondrent, pêle-mêle, les uns sur les autres. Ils retombent sur le sol d’où ils viennent de sortir. Ils reculent épouvantés.
Au registre du bas, l’enfer s’organise en sept compartiments, autant que de péchés capitaux. Un texte en français détaille les tortures subies. Les orgueilleux attachés à des roues, les envieux sont plongés dans un fleuve glacé, puis plongés dans un lac de feu. Les coléreux sont découpés en morceaux dans une cave obscure qui ressemble à une boucherie, les avares sont plongés dans des cuves où l’eau est remplacée par du métal en fusion, un démon les tourmente avec une broche de métal, Les gloutons sont invités à un éternel banquet, au cours duquel ils sont sans répit gavés de crapauds et abreuvés d’une eau puante. Les luxurieux sont dans un puits voués aux flammes.