Monument emblématique de la Bourgogne, connu pour ses toitures polychromes en terre cuite vernissée, l’Hôtel-Dieu est un haut lieu de mémoire de l’histoire hospitalière avec son polyptyque du Jugement dernier de Rogier van der Weyden, ses collections de mobilier et d’objets d’art, sa cuisine, son apothicairerie et ses salles de soins.
En 1441, à la fin de la guerre de Cent Ans, Nicolas Rolin, riche chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et son épouse Guigone de Salins fondent cet hôtel-Dieu, proche de la collégiale Notre-Dame de Beaune et de l'hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune siège du Parlement de Bourgogne.
Le 4 août 1443 est signé l'acte de fondation. Les terrains nécessaires sont progressivement acquis. Les travaux commencent par la grande salle sur la rue, achevée autour de 1449 et s'achèvent par le côté sud-ouest. Chapelle et cimetière sont bénis les 30 et 31 décembre 1451. Le 1er janvier 1452, ce « palais pour les pauvres malades » accueille ses premiers patients. Vieillards, infirmes, orphelins, malades, parturientes, indigents, fréquenteront gratuitement l'institution, du Moyen Âge au 20e siècle.
En 1459, le chancelier Rolin obtient la création de l'ordre des sœurs hospitalières de Beaune, dont la règle associe vie monastique et soins aux pauvres et aux malades.
Le polyptyque peint par Rogier Van der Weyden et son atelier se compose de neuf panneaux de différentes tailles. De chaque côté des figures centrales du Christ et de l'archange Michel, la composition se répartie sur deux niveaux.
Dans la partie supérieure, le Christ entouré d'anges annonçant le Jugement Dernier au son de la trompette est nimbé dans un nuage d'or, sur lequel sont assis les apôtres, juges dans le tribunal céleste, ainsi qu'un pape, un évêque, un roi, un moine et trois femmes.
Dans la partie inférieure, à gauche, le Paradis, avec les élus sortant de terre et louant Dieu, et à droite l'Enfer avec les damnés souffrant les tourments.
LE REGISTRE SUPÉRIEUR
[1] A l'extrême gauche du polyptyque, le paradis est représenté comme un porche gothique en feu avec la lumière qui mène au divin.
[2] le pape, le roi et le vieillard. Derrière les apôtres, mais s’agenouillant comme la Vierge et Saint Jean-Baptiste dont ils répètent la prière d’intercession, des saints nimbés se divisent en deux groupes: quatre hommes à la droite du Christ et [6] trois femmes à sa gauche.
Le premier saint est un pape. Le visage encore jeune, tiare en tête, il est vêtu de ses ornements liturgiques. A la gauche du pape, un roi, jeune également, porte une couronne à fleurs de lys
Entre ces deux personnages, en recul et peu visible, un évêque est reconnaissable à sa mitre décorée.
[3] [5] Les deux intercesseurs de la Deèsis, la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste, sont reliés au Christ par l’arc-en-ciel dont ils occupent chacun une extrémité. Leur prière s’exprime par les mains jointes, le regard levé et l'agenouillement.
Saint Jean-Baptiste a la barbe et les cheveux abondants et bouclés. Il est vêtu de sa traditionnelle tunique en peau de chameau.
[4] Le panneau central est dominé par le fils de Dieu, assis sur un arc-en-ciel qui déborde sur les panneaux de chacun des côtés.
L’arc-en-ciel, signe de l’alliance divine (Gn., IX, 12-17), entoure le trône de Dieu (Apoc., IV, 3; ). Le fond d’or représente la lumière éternelle, dont le Christ, Lux mundi, est l’incarnation. Une nuée entoure l’apparition céleste (Dan., VII, 13; Luc., XXI, 27; Matth., XXIV, 30) et ceux qui l’accompagnent présentés de part et d'autres.
Les pieds du Christ reposent sur une sphère, symbole de l'univers. De sa main droite, il bénit ceux qui sont sauvés et, avec la main gauche, maudit ceux qui sont damnés.
Sous les lys le texte écrit en blanc : « venite benedicti Patris mei possidete paratum vobis regnum a constitutione mundi » (venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde); Sous l'épée écrit en noir : « discedite a me maledicti in ignem aeternum qui paratus est diabolo et angelis eius » (allez loin de moi, maudits, au feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges).
Dans le prolongement vertical de la figure du Christ, dont le manteau rouge constitue le centre de gravité du retable, Saint Michel, prince du jugement céleste, incarnation de la justice divine, qui tient entre ses mains les plateaux de la balance. Les somptueux ornements liturgiques sont ceux du diacre. Ils comportent l’amict, l’aube retenue par le cordon, l’étole et une chape de brocart attachée par un mors à motif trinitaire.
Saint Michel élève haut une grande balance à aiguille dont les plateaux contiennent les âmes. Les âmes sont représentées par deux petites figures nues, dont les noms sont "Vertu" et "Péchés". La première est agenouillée et heureuse alors que l'autre semble horrifié et crie de terreur. C’est le mal qui est plus lourd. Le poids des péchés sur la conscience suffit pour faire tomber en enfer les damnés rendus lourds comme du plomb.
[2] [3] [5] [6] Autour de la Deèsis, formant un grand demi-cercle ouvert en son milieu, les douze Apôtres siègent, six de chaque côté. Trois sont identifiables : au premier plan à la droite du Christ, [2] saint Pierre, avec son manteau rouge et saint Jean vétu de blanc et à la gauche du Christ, [6] saint Paul et son manteau vert.
[6] Les trois saintes
[7] l'enfer est représenté par des amas de roches noires répandant des flammes et des vapeurs volcaniques
LE REGISTRE INFÉRIEUR
La rangée inférieure dépeint les élus et les damnés. Ils sont représentés par deux petits groupes de figures. Ils sont nus et dépeints sur une échelle plus petite, plus humaine que celle des saints au-dessus d'eux. Ils sont inexorablement poussés vers leur destin.
à gauche, les élus, à droite, les damnés. Les élus sont rares et les damnés nombreux (Matth., XXII, 14). Les expressions marquent la surprise, la prière, la terreur ou la joie.
à droite, les damnés sont écrasés sous le poids de leurs péchés. Ils sortent péniblement d'une terre sèche craquelée, entourés par des étincelles de feu et des traînées de fumée. Leurs figures sont torturées et déformées par la haine et leurs visages tordus par folie. Saisi par une hystérie collective, ils ne peuvent pas pleurer mais, à la place, crient et combattent, car leur folie les destine à la punition éternelle. Le un sol y est sec, stérile, la roche est calcinée par le feu avec d’horribles fissures.
à gauche à mesure qu'on se rapproche du paradis, les fleurs sont de plus en plus abondantes. Les visages expriment la prière et la joie.
Flandre, début du 16e siècle
Tapisserie dite aux mille fleurs composée de quatre fragments assemblés: Le fond avec ses fleurs multicolores et ses multiples animaux unifie l'ensemble
à gauche une femme assise, personnage profane
au centre une Vierge à l'Enfant et devant elle un personnage agenouillé tenant un cheval à la jambe coupée, représentant vraisemblablement saint Eloi repenti
à droite saint Fiacre, patron des jardiniers.
au sommet du vitrail, les instruments de la passion
REGISTRE SUPÉRIEUR
Scène de la Crucifixion avec les âmes des larrons emportées, l'un par un ange, l'autre par démon.
REGISTRE MÉDIAN
Philippe le Bon, due de Bourgogne, agenouillé en donateur, derrière lui : son fils le futur Charles le Téméraire, présentés par saint André,
en face : Isabelle de Portugal, la duchesse de Bourgogne et sainte Elisabeth de Hongrie
au pied de la croix : sur le Golgotha figuré par le crâne d Adam sont regroupés saint Jean, la Vierge, sainte Marthe (patronne des hospitalière) et sainte Marie-Madeleine (sa sœur).
REGISTRE INFÉRIEUR de gauche à droite
à gauche : Nicolas Rolin agenouillé en donateur présenté par saint Nicolas, une Vierge de pitié, saint Antoine et Guigone de Salins