La fondation de la collégiale Saint-Urbain est l’œuvre du troyen Jacques Pantaléon, fils d’un modeste savetier, qui lors de son accession au pontificat sous le nom d’Urbain IV en 1261, voulut honorer sa ville en construisant sur l’échoppe de son père une église régie par un chapitre, dépendant directement de la papauté et consacrée au pape martyr Saint Urbain.
Les travaux, commencés par le chœur, sont en cours en avril 1263. Après la mort d’Urbain IV, en octobre 1264, son neveu, le cardinal Ancher, assura la poursuite du chantier. En 1266, le chœur étant achevé et les parties basses du reste de l’édifice élevées, une consécration était prévue le 25 mai. Mais l’abbesse de Notre-Dame-aux-Nonnains, craignant le pouvoir de cet établissement dépendant directement de la papauté et enserré dans son territoire, fit saccager le chantier. Un incendie des combles, d’origine incertaine, suivit cet événement.
Après la réparation des dégâts, la construction reprit vers 1267-1270 par l’édification de la partie haute du transept et de ses deux porches. A la mort du cardinal Ancher en 1286, seuls les bas-côtés de la dernière travée de la nef étaient voûtés. Après un siècle d’abandon, les travaux reprennent et les parties basses de la nef et de ses collatéraux sont achevées avant la consécration de l’édifice en 1379. La pose d’une superstructure provisoire en pan de bois permit de sursoir à l’édification des parties hautes du vaisseau central.
Devenue église paroissiale après la Révolution, on songeait dès 1839 à achever la nef. Paul Selmersheim, architecte diocésain, s’en chargea de 1893 à 1905, après avoir entièrement restauré le chœur et le transept. La restitution de la flèche en bois sur la croisée, démontée en 1761, resta toutefois à l’état de projet.
En mai 1901, l’édifice reçut la dépouille d’Urbain IV puis fut érigé au rang de basilique mineure en 1964.
Comme les autres églises de Troyes, Saint-Urbain compte un nombre important de sculptures. Parmi celles ci, la Vierge au raisin du début du 16e siècle.
Calcaire : peint, polychrome, doré (16e siècle)
Scènes de la Passion du Christ :
[1] la crucifixion
[2] le bon laron (à gauche), le mauvais laron (à droite)
[3] la déploration d Christ
[4] Ecce Homo
[5] le portement de croix
[6] Saint Pierre
Urbain IV, né Jacques Pantaléon à Troyes vers 1200, fut le 182e évêque de Rome et donc pape de l’Église catholique du 29 août 1261 à sa mort à Pérousse en 1264.
Il devient archidiacre de Laon en 1238, puis à Fosses dans la principauté de Liège en 1241. Il est évêque de Verdun de 1253 à 1255.
En 1264, le pape Urbain IV étend à l'Église universelle la Fête-Dieu, déjà instituée et célébrée dans le diocèse de Liège depuis 1229 sous le nom de « Saint-Sacrement ». Cette fête liturgique fut activement promue par sainte Julienne du Mont-Cornillon.
Le père de saint Urbain lit après son travail ; Saint Urbain près de sa mère qui file la laine avec une quenouille
Baptême et première communion de Saint Urbain
étudiant, Urbain chante de la musique religieuse ; devenu prêtre, il prêche à la cathédrale de Troyes devant une importante assistance
Née à Retinne, village près de Fléron, Belgique, Julienne perd ses parents Henri et Frescende, riches agriculteurs, à l'âge de 5 ans. Elle fut confiée, avec sa sœur Agnès, au couvent des sœurs augustiniennes du mont Cornillon à Liège, pour y être élevée par les sœurs.
Dès son adolescence, elle était particulièrement portée vers la dévotion eucharistique. À partir de 1209 elle eut de fréquentes visions mystiques. Une vision revint à plusieurs reprises, dans laquelle elle vit une lune échancrée, c'est-à-dire rayonnante de lumière, mais incomplète, une bande noire la divisant en deux parties égales. Elle resta longtemps sans comprendre la signification de cette vision, et sans en parler à personne.
Cependant, la vision étrange continuait de la tourmenter. Après des années, c'est le Christ qui lui donna les lumières nécessaires à la compréhension de cette vision. « Le Seigneur lui fit comprendre la signification de la vision qui lui était apparue. La lune symbolisait la vie de l’Église, la ligne opaque représentait l’absence d’une fête liturgique, pour l’institution de laquelle il était demandé à Julienne de se prodiguer de façon efficace : c’est-à-dire une fête dans laquelle les croyants pouvaient adorer l’Eucharistie pour faire croître leur foi, avancer dans la pratique des vertus et réparer les offenses au Très Saint Sacrement. » Julienne, croyant d'abord se dérober, accepta finalement sa mission et se mit à œuvrer pour l'établissement de cette fête.
deux compagnes de Ste Julienne prient pour que la demande de la Sainte soit exaucée ; il manque un quartier de lune et la Sainte comprend qu'il manque une fête dans l'année
L'approbation papale de la Fête-Dieu doit beaucoup à un miracle de Bolsène en 1263. Un prêtre de Bohême, Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et éprouvait de grands doutes spirituels notamment sur la Présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Au cours d’une messe célébrée par ce prêtre, lors de la consécration, l’hostie prit une couleur rosée et des gouttes de sang en tombèrent sur le corporal. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu et participa lui-même au transfert de l'hostie et du corporal de Bolsène jusqu'à la cathédrale Sainte-Marie de l’Étoile d'Orvieto.
Les origines de la fête du Corps et du Sang du Christ remontent au 13e siècle. Une impulsion décisive en vue d'une fête particulière fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège. Cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège.
Une sœur du pape Urbain IV prie devant la sainte face pour que la Fête Dieu soit instaurée ; Urbain IV reconnait le miracle de Bolsène
Urbain IV tient une partie de l'église (en arrière la cathédrale de Troyes) ; Urbain IV institue la Fête Dieu et tient une monstrance
