Teresa Sanchez de Cepeda y Ahumada Davila est née le 28 Mars 1515 à Avila (Castille). Son père est Alonso Sánchez de Cepeda. D'un premier mariage avec Catarina del Peso y Henao, il a deux fils et une fille. Devenu veuf, il se remarie avec Beatriz Dávila y Ahumada qui lui donne huit fils et deux filles dont Teresa, baptisée le 4 avril.
Sa famille paternelle est issue de Juifs convertis. Son grand-père Juan Sánchez, riche marchand de Tolède, fut condamné en 1485 par l'Inquisition. Bien que réconcilié, il fut ruiné et s'installa à Ávila où il prospéra de nouveau.
À l'âge de 7 ans, instruite des histoires de la vie des saints et passionnée de romans de chevalerie, elle souhaite vivre le martyre en allant avec son frère Rodrigue dans les « terres des infidèles », mais les deux enfants sont vite retrouvés.
En 1527, à l'âge de douze ans, Thérèse perd sa mère. Elle demande alors à la Vierge Marie de lui servir de mère, et se réfugie dans les livres et la prière. C'était une jeune fille à l'imagination vive, jolie et fière, qui aimait la solitude et la prière dans sa chambre.
Adolescente, elle oublie sa dévotion religieuse et déclare : « J'ai commencé à porter de beaux habits, et à vouloir paraître élégante, je soignais mes mains, ma coiffure et mes parfums, et toutes les vanités de cet âge, car j'étais très curieuse... ». Elle succombe aux passe-temps des agréables compagnies : « ... nous étions toujours ensemble, ils m'aimaient beaucoup ... nous discutions ... Je me trouvais fréquemment chez une cousine pour bavarder, car elle m'aidait dans toutes les idées de passe-temps qui me venaient à l'esprit, et m'en proposait même d'autres. »
Son père décide alors de l'envoyer au couvent de Santa María de Gracia à Ávila en 1531 où Teresa supporte difficilement son manque de liberté.
Elle tombe gravement malade, et doit rentrer chez son père. Après sa convalescence, il la confie à sa sœur Marie de Cepeda. Aidée d'un de ses frères, elle fugue le 2 novembre 1533 pour le couvent de l'Incarnation à Ávila où elle souhaite entrer malgré le refus catégorique de son père. Ce monastère non cloîtré permettait aux religieuses de sortir et de recevoir des visites. Elle y prononce ses vœux le 3 novembre 1534.
Après être entrée au couvent, sa santé se détériore. Son père l'emmène en 1535 à Castellanos de la Cañada chez sa sœur pour qu'elle y soit soignée. De retour à Ávila, elle subit en juillet une rechute au point de rester quatre jours dans le coma, apparamment morte. Elle reste paralysée pendant plus de deux ans et connut de grandes souffrances physiques.
« Ainsi, durant vingt ans, j'étais prise de vomissements tous les matins; il m'était impossible de prendre aucune nourriture jusqu'au milieu du jour,
quelquefois même plus tard ... les vomissements me prennent le soir, avant même d'aller prendre mon sommeil. Je dois même les provoquer à l'aide d'une plume ou autre chose;
car si j'omets de le faire la souffrance est très vive. Je ne suis jamais sans endurer des douleurs de diverses sortes qui sont parfois très pénibles ... »
Au milieu de l'année 1539, Teresa recouvre la santé, par l'intermédiation de San Jose. Avec la santé reviennent les goûts mondains, faciles à satisfaire : Elle vit à nouveau au couvent et reçoit de fréquentes visites.
Teresa passera vingt-sept années dans cette communauté très nombreuse. Mais elle est très critique vis-à-vis des pratiques de l'ordre. Selon elle, son esprit s'alanguit, au point de lui faire abandonner la prière (1541).
En 1544, l'année où son père mourut, elle a une première apparition du Christ. Teresa était alors âgée 39 ans et avait prononcé ses voeux 19 années auparavant. Ce fut alors qu'elle commença à éviter les visites.
Un jour, par hasard, elle voit dans un oratoire une image de Jésus-Christ souffrant qui provoque en elle une profonde émotion. Elle dira : « c’était une représentation si vive de ce que Notre-Seigneur endura pour nous, qu’en voyant le divin Maître dans cet état, je me sentis profondément bouleversée ». Elle décide alors de reprendre l'oraison.
Au sommet de sa vie mystique, Thérèse raconte avoir vécu l'expérience de la transverbération, c'est à dire d'être transpercée de part en part.
« Je vis un ange proche de moi du côté gauche... Il n'était pas grand mais plutôt petit, très beau, ... Je voyais dans ses mains une lame d'or, et au bout, il semblait y avoir une flamme. Il me semblait l'enfoncer plusieurs fois dans mon cœur et atteindre mes entrailles : lorsqu'il le retirait, il me semblait les emporter avec lui, et me laissait toute embrasée d'un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu'elle m'arrachait des soupirs, et la suavité que me donnait cette très grande douleur, était si excessive qu'on ne pouvait que désirer qu'elle se poursuive, et que l'âme ne se contente de moins que Dieu.»
Selon la Bible, le prophète Élie y résidait, d'où son autre nom de « mont Saint-Élie ». C'est sur le mont Carmel, qu'affrontant au nom du Dieu d'Israël, Élie accomplit les miracles destinés à prouver aux Israélites l'inanité de leurs croyances idolâtres des prêtres de Baal. Après sa victoire, les prêtres de Baal ont été mis à mort.
Les Carmélites pensent qu'une communauté d'ermites juifs vivait sur le mont Carmel du temps d'Élie.
L’Ordre du Carmel a toujours tourné ses regards vers le prophète Elie, figure spirituelle majeure pour l’Ordre. À tel point qu’au cours des siècles, le Prophète Elie a été présenté comme le “fondateur” de l’Ordre du Carmel. Ainsi sœur Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein) affirme : « Celui qui est un peu plus familier de l’Histoire de l’Église et de notre Saint Ordre, sait pourtant que nous honorons le Prophète Elie, comme notre guide et notre père ».
En 1560, mécontente du relachement des règles et de l'indiscipline qui règnent dans les couvents, elle décide, avec le soutien du pape, de revenir à la clôture réelle et à une vie de pauvreté et d'austérité absolue. Avec l'argent de la famille et d'amis, et le soutien de Jean de la Croix, réformateur de l'ordre masculin, la première communauté des Carmes Déchaux de san Jose est créée le 24 août 1562.
Les religieuses fidèles à sa réforme dorment sur une paillasse, portent des sandales de cuir ou de bois (d'où l'appellation de "Carmes déchaux"). Elles consacrent huit mois par an aux rigueurs du jeûne et s'abstiennent totalement de manger de la viande.
Bien qu'étant presque toujours malade, et malgré les tensions et hostilités, elle parcourt l'Espagne et fonde en vingt ans 17 couvents dans toute les provinces d'Espagne.
Le 20 septembre 1582, à son arrivée à Alba de Tormes, son état empire. Teresa décède durant la nuit du jeudi 4 au vendredi 15 octobre 1582. En effet, cette nuit là, l'Espagne et le monde catholique basculaient du calendrier julien au calendrier grégorien par décision du pape Grégoire XIII, d'où l'expression de « la nuit du 4 au 15 ».
Neuf mois après son décès, son corps est exhumé une première fois. Le père Gratien, provincial des Carmes, sectionne une main destinée aux religieuses d'Avila. Sur cette main, il prélève le petit doigt qu'il garde pour lui. Le 25 novembre 1585 le corps est exhumé une seconde fois. Les religieuses d'Alba demandent de conserver un bras comme relique dans leur couvent.
On transfère son corps, toujours incorrompu, dans une nouvelle chapelle en 1616, puis en 1670 pour l'installer dans une châsse d'argent. La dernière translation a lieu en 1760 à Alba de Tormes.
Ses reliques sont désormais présentes dans plusieurs lieux :
son pied droit et une partie de la mandibule supérieure à Rome
sa main gauche à Lisbonne
son œil gauche et sa main droite à Ronda (Espagne)
son bras gauche et son cœur dans des reliquaires du musée de l'église de l'Annonciation d'Alba de Tormes
le reste du corps est déposé sur l'autel principal de l'église de l'Annonciation (Alba de Tormes)
un doigt dans l'église de Notre-Dame de Lorette à Paris
un autre doigt est à Sanlúcar de Barrameda
plusieurs doigts et d'autres restes de la sainte sont dispersés dans toute l'Espagne et toute la chrétienté.
Thérèse d'Avila est fêtée le 15 octobre.
« Frère Jean ! Tu m’as peinte laide et chassieuse, Dieu Te pardonne ! » Teresa a 61 ans lorsque le peintre Fray Juan de la miseria réalise en 1576 son portrait qu'elle n’aime pas. Son visage sévère, ses lèvres pincées, et la dureté de son regard semblent traduire l'autorité et la froideur.
Thérèse d'Avila est généralement représentée avec son habit de carmélite (scapulaire marron recouvert d'une cape blanche, une guimpe enserre le visage, long voile noir) et ses attributs de docteur de l'Église (livre et plume), cœur percé d'une flèche.
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« Que rien ne te trouble
Que rien ne t’effraie
Tout passe
Dieu ne change pas
La patience obtient tout
Celui qui possède Dieu ne manque de rien.
Dieu seul suffit. »