On ne sait rien du culte de Saint Mathurin entre le IVe et le IXe siècle. Le moine parisien Usuard (IXe siècle) l'introduisit dans son martyrologe. Au siècle suivant, un hagiographe rédigea sa biographie.
Il serait né à Larchant, entre Malesherbes et Nemours, dans le Gâtinais. Ses parents, Marin et Euphémie, étaient païens ; son père aurait même été chargé par l'empereur de Rome, Maximien, d'exterminer les chrétiens du pays. Cependant, Mathurin fut secrètement baptisé par l'évêque Polycarpe à l'âge de douze ans. Il convertit ses parents, devint prêtre à l'âge de vingt ans et commença dès lors à accomplir des miracles. Il avait un don particulier pour calmer les énergumènes et chasser les démons.
Sa réputation s'étendit dans la région et bien au-delà. Or, il advint que Rome fut frappée de maux divers et Théodora, la fille de l’empereur, fut tourmentée par le démon. Les arts magiques ne réussirent pas à délivrer la princesse et le démon lui-même se mit à crier qu’il fallait faire venir de Gaule, pour le chasser, un serviteur du Christ nommé Mathurin. Mis en présence de la princesse, Mathurin lui fit boire un peu d'huile qu'elle rendit sur le champ, avec le démon qu'elle avait dans le corps.
Mathurin vécut encore trois ans dans la Ville éternelle, se mettant au service des chrétiens persécutés. Il y mourut le jour des Calendes de novembre (le 1er novembre) en demandant que son corps fut ramené dans son village natal. On oublia la promesse mais le corps de Mathurin remonta de terre. Alors l’empereur donna une escorte et ordonna que le corps de Mathurin soit ramené à Larchant. Sur son tombeau, de nombreux miracles se produisirent et cela fut à l’origine d’un pèlerinage très important au Moyen-Âge.
La présence des reliques de Saint Mathurin à Larchant semble avoir attiré très tôt des chrétiens en quête d'un soutien, d'une aide ou d'une guérison. Mais ce n'est qu'à partir du XIe siècle que le pèlerinage prend véritablement de l'ampleur, avec l'arrivée des chanoines de Notre-Dame de Paris comme seigneurs du lieu et grâce à la diffusion de Vies du saint qui agrandit l'écho des miracles opérés par lui.
Mathurin est souvent fêté le 1er novembre, mais aussi le 3 novembre, notamment dans le diocèse de Meaux et dans tous les diocèses d'Île-de-France. Mathurin est le patron des malades mentaux et des personnes atteintes de troubles neurologiques
Ci-contre, statues représentant Saint-Mathurin en habits sacerdotaux, tenant l'Evangile dans sa main gauche et levant deux doigts de la main droite, représentation traditionnelle de l'enseignement de la parole.
A ses pieds est agenouillée la princesse Theodora qu'il alla délivrer du démon à Rome.
La verrière dite de saint Nicolas date du milieu du 16e siècle. Comme l'indique le fragment d'une inscription, elle fut offerte par Mathurin Le Bailli et son épouse.
Au tympan, un donateur agenouillé.
Au centre : C'est à tort qu'Eugène Lefèvre-Pontalis a rattaché es scènes à la vie de saint Nicolas. Ils relatent en réalité des épisodes de la vie de saint Mathurin, le patron du donateur.
- à gauche, saint Mathurin, appelé à Rome par l'empereur Maximien Hercule pour exorciser sa fille Théodora devenue folle, est représenté tonsuré, et accompagné de deux hauts prélats. Il chasse du corps de la fille le démon, qui s'échappe au milieu d'un nuage de fumée.
- à droite, Polycarpe, évêque de Sens, qui avait ordonné prêtre Mathurin. Accompagné de saint Mathurin, nimbé et de bleu vêtu, Mathurin baptise les parents de Polycarpe, comme l'indique cette légende :
« Après qu'il eust receu batesme qui les fist par son prouesme feist tant que père et mère recevoir de batesme le caracther »
en bas à gauche, Nicolas, encore enfant, debout dans un bassin, est entouré de femmes qui s'apprêtent à la laver. Au-dessus, Nicolas, déjà évêque, frappe à la porte d'une maison en apportant une bourse. Dans la maison, un vieil homme est alité. Il s'agit de l'épisode des trois pucelles : « Saint Nicolas apporte une bourse. Le lendemain matin la bourse est trouvée par la jeune fille, qui se hâte d'annoncer cette bonne nouvelle à son père. C'est à cette scène qu'appartient la légende mentionnée vers le bas : « Sainct Nicolas vray serviteur de dieu d'honnestes ge[n]s ayma[n]s et craigna[n]s dieu consacré fut evesque de myrhée a so[n] troppeau mo[n]stra chose approuvée ».
À droite, Nicolas voyage sur un bateau en détresse, et le sauve par ses prières, tandis qu'au premier plan, sur la terre ferme, un homme tire un naufragé de la mer.