Gervais et Protais étaient jumeaux, fils de saint Vital de Ravenne et de la bienheureuse Valérie et vivaient au ier siècle sous le règne de l'empereur Néron.
On ne sait d'eux que le fait que saint Ambroise, évêque de Milan, les retrouva, en 386, enterrés côte à côte.
Selon la légende dorée, Gervais et Protais vendirent les biens de leurs parents et vécurent simplement.
Ils étaient installés depuis dix ans dans une petite maison quand ils furent dénoncés comme chrétiens au général romain Astasius qui partait faire la guerre aux Marcomans. Il avait fait halte à Milan.
Les adorateurs de dieux payens disaient : « Général, si tu veux revenir de la guerre en vie, oblige Gervais et Protais à sacrifier car nos dieux sont tellement irrités par leur mépris qu'ils ne veulent plus rendre les oracles.»
Sollicité, Gervais répondit : « Comment pourrais-je sacrifier à des dieux qui ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, un nez et ne sentent pas, une bouche et ne parlent pas, des mains et ne touchent pas, des pieds et ne marchent pas, et qui en plus, n'ont aucun souffle de vie ? ». On le condamna à être frappé avec un fouet garni de plombs jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Puis on amena Protais qui injuria Astasius et lui dit que ses idoles étaient de dégoûtantes ordures. Il fut frappé à coups de bâton. On le fit relever. Il dit alors à Astasius « tu ne sais pas ce que tu fais et j'ai compassion de ta misère. Achève donc ce que tu as commencé afin que je rejoigne mon frère ». On lui trancha alors la tête.
Un chrétien du nom de Philippe s'empara de leurs corps et les fit ensevelir sous une voûte de sa maison. Ensuite, il plaça dans leur cercueil un écrit contenant le récit de leur vie et de leur martyre. Ceci se passait en 57 sous le règne de Néron.
On avait oublié les deux saints. Au IVème siècle, Saint Ambroise, en oraison dans l'église Saint Nabor et Félix, s'était légèrement assoupi. Il eut la vision de deux jeunes gens couverts de vêtements blancs et priant les bras ouverts.
Le lendemain matin, au chant du coq, il eut la même vision. La nuit suivante, les deux jeunes gens lui apparurent en compagnie de Saint Paul.
L'apôtre dit à Ambroise : « Voici ceux qui, suivant mes avis, n'ont désiré rien des choses terrestres ; tu trouveras leurs corps dans le lieu où tu es en ce moment ; à douze pieds de profondeur, tu rencontreras une voûte recouverte de terre,
et auprès de leur tête un petit volume contenant le récit de leur naissance et de leur mort. ».
On creusa et on retrouva les deux corps placé là depuis trois cent ans. Ils étaient dans l'état où on les avait mis le jour de leur mort.
En 386, Ambroise, alors évêque de Milan, fit donc exhumer et transférer les corps miraculeusement conservés dans la basilique de la ville, aujourd'hui Basilique Saint-Ambroise.
Gervais et Protais ont pour attributs la dalmatique ou toge, la palme du martyr, l'épée pour saint Protais et le fouet ou la corde pour saint Gervais. Ils sont fêtés le 19 juin.
Gervais et Protais amenés devant Astasius refusent de sacrifier à Jupiter
Tableau d'eustache Le Sueur (1616-1655)
Musée du Louvre
Translation des corps de saint Gervais et de saint Protais
Tableau de Philippe de Champaigne (Bruxelles, 1602 - Paris, 1674)
Musée du Louvre
Apparition de saint Gervais et de saint Protais à saint Ambroise
Tableau de Philippe de Champaigne (Bruxelles, 1602 - Paris, 1674)
Musée du Louvre
installation en 1990 dans la baie 16 d'une verrière intégrant les médaillons conservés de l'histoire
de saint Gervais et saint Protais, œuvre d'Anne et Guy Le Chevallier, peintres-verriers à Fontenay-aux-Roses (la verrière est signée et datée).
[4] le surlendemain de la découverte, translation des corps dans la basilique des Martyrs (future basilique Saint-Ambroise). Tous les participants sont représentés de profil. Au centre, deux religieux portent le brancard sur lequel sont déposées les deux châsses. Saint Ambroise, la mitre sur la tête et la crosse à la main, les accompagne. Ils sont suivis de religieux, un cierge allumé à la main. Un homme agenouillé tend les mains vers les reliquaires. Il s'agit d'une allusion aux miracles qui se sont alors produits, concernant principalement des aveugles ou des possédés.
[3] à gauche : au 4e siècle, saint Ambroise est informé par une vision de l'emplacement du corps des deux martyrs. L'évêque de Milan, saint Ambroise, est représenté allongé sur un lit et assoupi. Il tient encore un livre à la main. Gervais et Protais lui apparaissent en songe, debout près du lit, alors qu'il priait dans l'église Saint-Nabor-et-Saint-Félix (construite, sans qu'on le sache, sur la tombe de saint Gervais et saint Protais). Ce n'est qu'à la troisième apparition des martyrs, accompagnés de saint Paul, qu'il apprend l'emplacement de leur tombeau.
à droite : Un fossoyeur, debout et de trois-quarts, la bêche à la main, vient de mettre au jour les ossements des martyrs. Saint Ambroise se dresse de face, au bord de la fosse. Il écarte les bras en un geste de surprise émerveillée. Encore une fois, le vitrail s'éloigne du récit hagiographique, car les corps des deux martyrs furent découverts intacts, et non sous la forme d'ossements.
[2] à gauche, l'inhumation de saint Gervais. Le corps, vêtu d'une longue tunique blanche, est déposé dans un cercueil par un homme dépeint debout et de profil. La scène se déroule en présence d'une femme, représentée de face. Il s'agit sans doute du chrétien Philippe et d'un membre de sa famille.
à droite : l'inhumation de saint Protais. Le corps, enveloppé d'un linceul, est déposé par Philippe dans un cercueil. Un jeune homme, debout et de trois-quarts, vient probablement de participer aux préparatifs funéraires. Il tient encore une fiole à la main. La Légende dorée précise que Philippe et son fils ont enseveli en secret les corps dans leur maison. Ici, la scène se passe de nuit, comme l'indique le croissant de lune représenté.
[1] décapitation de saint Protais. Au premier plan, Protais est agenouillé de profil et les mains jointes. Un bourreau lui saisit la tête par les cheveux et lève sa hache. À gauche, un officier romain debout et de trois-quarts (sans doute le général Astasius) désigne le futur martyr.