La vie et l'œuvre de Sainte Colette se situent en une période extrêmement troublée : guerre de Cent ans compliquée de rivalités sanglantes entre grands féodaux de France, schisme d'Occident divisant en deux - un moment même en trois - la chrétienté.
Chez les franciscains, les dissensions - nées déjà du vivant de saint François - entre les partisans de la règle stricte et ceux qui voulaient des mitigations, avaient abouti au triomphe de ces derniers.
En ce qui concerne la branche féminine, on est progressivement revenu à la " règle mitigée ", avec le droit de posséder des revenus communs, accordé en 1259 par Alexandre IV au monastère de Longchamp, près de Paris, puis étendu par Urbain IV à tous les couvents de clarisses,
à l'exception de quelques rares communautés qui obtinrent de garder la stricte observance primitive.
Colette Boylet est née à Corbie le 13 janvier 1381, de parents très âgés, qui attribuèrent cette naissance presque miraculeuse à l'intercession de Saint Nicolas, d'où le prénom de l'enfant « Nicolette », devenu familièrement Colette. Son père, charpentier de l'abbaye bénédictine de Corbie, était un homme pieux et charitable. Sa mère avait une dévotion spéciale à la Passion et en entretenait fréquemment sa fille. Elle se confessait et communiait chaque semaine, chose rare pour l'époque.
Colette fût d'une piété précoce. Elle mena dès l'âge de quatre ans une vie de prière continuelle, et à sept ans elle pratique une heure d'oraison quotidienne et assiste clandestinement aux matines chantées par les bénédictins. À l'âge dè neuf ans elle a la révélation pleine et entière de l'esprit de l'ordre franciscain et de la nécessité d'une réforme.
En 1399, à l'âge de dix-huit ans, Colette perd ses parents et veut embrasser la vie religieuse. Elle entre successivement chez les Béguines, les Bernardines, les Clarisses Urbanistes, mais elle quitte tous ces ordres dont les règles lui semblent trop douces.
Elle devient alors tertiaire de saint François et prononce le voeu de réclusion le 17 septembre 1402, lors de la fête des stigmates de Saint François. Elle est murée entre deux contreforts de l'église Notre-Dame à Corbie dans une cellule qui ne prend le jour que par une grille donnant sur l'autel. Elle y vit trois ans jusqu'à ce que Saint François et Sainte Claire lui apparaissent et lui demandent de réformer l'ordre franciscain.
Colette se rend en Avignon pour faire part au pape de la mission qu'elle a reçue. Benoît XIII, très impressionné par cette religieuse de vingt-cinq ans, lui donne lui-même le voile et la corde et, par plusieurs bulles datées de 1406, 1407, 1408 et 1412,
l'établit supérieure générale de tous les couvents qu'elle fonderait ou réformerait.
Au total, dix-sept couvents furent fondés de 1410 à 1447, et d'autres réformés :
Besançon, Auxonne, Poligny, Seurre, Decize, Moulins, Aigueperse, Le Puy-en-Velay, Vevey
Orbe, Montbéliard, Lézignan-Corbières, Castres, Béziers, Heidelberg, Pont-à -Mousson, Hesdin, Amiens, Gand.
Elle échoua toutefois à créer un couvent à Corbie, en 1445.
En 1430, Colette fixa dans un texte, Sentiments de Sainte-Colette, remanié en 1432 à Besançon, sa réforme de l'ordre des Clarisses. Ce texte fut approuvé, en 1434, par Guillaume de Casal, ministre général de l'Ordre Franciscain.
Colette a fixé en quinze chapitres les détails de sa réforme. Parmi les points essentiels on peut relever:
Ne sont admises au Couvent que les Sœurs capables de soutenir l'austérité de la règle (les infirmes et malades ne peuvent donc y entrer).
On peut entrer au Couvent à 12 ans mais on ne peut prononcer les vœux avant 18 ans. Le noviciat dure jusque l'âge de 30 ans.
Les Sœurs vivent en clôture perpétuelle.
Les Sœurs vivent continuellement dans le silence. Elles ont accès au parloir avec l'autorisation de l'Abbesse à certaines périodes de l'année.
Les Sœurs portent le voile qui doit couvrir une partie du visage qui ne peut être vu en entier.
Les Sœurs ne dorment jamais sans leur habit extérieur.
Les Sœurs ne portent pas de bas, ni chaussures, les pieds sont nus.
Les Sœurs ne peuvent posséder ni biens meubles, ni terres, ni immeubles, ni somme d'argent.
Les Sœurs font abstinence perpétuelle de viande même à Noël.
Les Sœurs jeûnent perpétuellement sauf le Dimanche et à Noël.
Les Sœurs doivent assister obligatoirement et avec exactitude à l'Office Divin.
Les Sœurs doivent Communier tous les Dimanches.
Les Sœurs ne peuvent avoir d'autre Confesseur que celui du Couvent.
Les Sœurs n'auront aucune distraction.
Le courrier envoyé ou reçu est lu par l'Abbesse.
La piété de Colette ne fit que grandir avec le temps : les extases devinrent continuelles. Elles la saisissaient non seulement pendant la messe, durant son oraison, mais au cours de ses voyages même. Colette était sujette à tous les phénomènes paramystiques habituels : lévitation, effluves odoriférants, connaissance des consciences, de l'état des âmes du purgatoire, dons de clairvoyance et de prophétie.
Nombre de miracles lui sont attribués :
. découverte d'eau potable à Poligny, au Puy, à Hesdin, en des endroits où, avant la prière de la sainte, on ne repérait aucune nappe aquifère
. en un temps de disette, un inconnu vêtu de blanc apporte un sac de pains en un couvent de colettines du Languedoc
...
. les guérisons opérées sur des personnes de ses communautés ou du dehors sont innombrables et le procès de canonisation a retenu cinq cas de résurrection
Colette mourut le 6 mars 1447 en son couvent de Bethléem à Gand, où elle fut, selon son désir, rendue à « sa mère la terre », inhumée sans linceul ni bière, dans le cimetière de son couvent. Puis ses ossements furent transportés à Poligny, son couvent de prédilection, en 1783.
Source : Père Ubald d'Alençon, Les vies de sainte Colette Boylet de Corbie, réformatrice des frères mineurs et des clarisses (1381-1447) écrites par ses contemporains le Père Pierre de Reims, dit de Vaux, et Sœur Perrine de la Roche et de Baume, dans coll. Archives franciscaines, IV, Paris-Couvin, 1911.
Les attributs de Colette de Corbie sont :
. le puits, appelé "Puits de la Samaritaine" en souvenir d'une fin de carême où, après la lecture de cet évangile, le puits se trouva à sec. Elle fit le miracle d'y faire revenir l'eau qui, depuis, n'a jamais manqué.
. la poule, qui rappelle qu'à la fin d'un long carême, alors qu'elle était en prière dans le cloître dans un état de grande faiblesse, une poule vint pondre un oeuf dans les plis de sa jupe. Le Seigneur l'invita à le gober pour lui redonner des forces.
Colette est fêtée le 6 mars.
A gauche
. François d'Assise présente Colette à Dieu comme la réformatrice de son ordre.
. Fondation du monastère de Poligny
. Oraison
. travaux manuels et soins aux malades
Au centre
. Colette reçoit de Sainte Claire la règle de la réforme des clarisses
. le puits et la poule, attributs de Colette
A droite
. Le chariot de Sainte Colette
. Visites des couvents qu'elle a fondés
. Mort de Sainte Colette
. Culte de Sainte Colette
Sainte Colette et Jean Courault : Il y avait à Poligny un bourgeois nommé Jean ourault qui avait une grande confiance en Ste Colette. Un jour, en voyage, un accident failli lui oter la vie. Il se harsarda à traverser une rivière très profonde sur son cheval. Le cheval s'abattit au milieu des eaux et bientôt le cheval et le cavalier disparurent. Dans cette extrémité, Jean Courault se souvint de Ste Colette et la supplia de venir à son secours. A peine eut il fait son invocation que le cheval se releva et s'élança avec son cavalier sur la rive opposée.
Le puits de Sainte Colette : au couvent de Poligny, on était fort gêné du manque d'eau. Les hommesde l'art avaient fait diverses fouilles sans aucun résultat, et sans espoir de réussir. Bien plus, ils avaient renoncé à faire d'autres expériences. Sainte Colette,sachant que Dieu ne refuse rien à la prière et se rappelant qu'autrefois il avait fait jaillir l'eau d'un rocher dans le désert en faveur des Israélites, n'hésita point à demander à Dieu le même prodige en faveur des religieuses du couvent. Après elle indiqua trois endroits. Elle fit sur chacun d'eux le signe de croix et commanda aux aouvriers de creuses. Trois sources abondantes jaillirent et fournissent encore aujourd'hui les besoins de la communauté.
Le charriot de Sainte Colette :
Entrevue avec St Vincent-Ferrier : Saint Vincent Ferrier venait de prêcher à Besançon. Au moment de quitter la ville, il annonça à Colette que son dessein était de se rendre en Espagne. Elle lui déclara que ce n'était pas là que Dieu l'attendait : "C'est en France que vous trouverez la fin de travaux et que vous recevrez la récompense qui vous est préparée, et cela avant que deux ans soient révolus".